Retour à Forêt de Bière…

Les Chaillotins Forestiers

Dès les temps les plus reculés on habite la forêt de Fontainebleau. Le premier souverain à considérer la valeur naturelle de ces lieux fut Clovis. Le roi Louis VI le Gros fit construire un mur d’enceinte de la forêt. Nous possédons du côté de Faÿ des vestiges de ce mur. Les Chaillotins se trouvaient liés à cette forêt et on leur attribua de très bonne heure, des coutumes qui furent contestées par certains rois. Ces usages étaient pour Chailly perpétuels. L’affouage (1), le marronnage, le pacage (2), le panage et le petit usage, droit de ramasser sans outils le bois mort pour consommation personnelle.

Au XIIe siècle les Moines des Saints Pères de Melun défrichent une partie de la Plaine de Bière. Chailly se trouve légèrement isolée de la forêt. Alors certains Chaillotins partent travailler et habiter en forêt. Si Chailly comptait environ six cents personnes, deux cents au moins vivaient en forêt. Ils étaient rejoints dans les périodes de guerre et de tumultes par d’autres.

Il ne restait plus au village que deux cents personnes environ. Les Chaillotins étaient d’habiles charpentiers, bûcherons et fendeurs de lattes en chêne pour les toitures ou le bacula (que l’on a retrouvé chez Madame Arbaux, la boulangère lors de travaux dans sa boutique). Dans les maisons anciennes on trouve encore des vieilles charpentes façonnées par des Chaillotins. On trouve également vers le Grand Veneur, des charbonniers dans le bois du même nom, au début du XXe siècle.

La Révolution, dans la nuit du 4 août 1789, abolit tous les privilèges. Adieu la banalité, chacun peut avoir son four à pain et choisir son meunier. Les Chaillotins, s’ils travaillent en forêt,  n’y habitent plus. Pendant la dernière guerre les groupes de résistants s’y cachent encore et opèrent leurs actions de défense.

En 1975, après avoir été gérées par les Eaux et Forêts, Fontainebleau et d’autres forêts en France passent sous le contrôle de l’Office Nationale des Forêts. Une maison de garde forestier est implantée dans le village.

Pour le bien de la nature on ne rentre plus en forêt en voiture. Certaines tolérances restent pourtant en vigueur :  ramassage des champignons, des châtaignes ainsi que du muguet.

Fontainebleau, c’est aujourd’hui 17 000 hectares, un bien pour l’oxygénation de notre Ile-de-France. Dans cette forêt, il ne faut pas oublier le gibier et les chasses à pied ou à courre. Ce sera le sujet du prochain article dans le bulletin.

Jean-Paul LEFLOCH

BM n° 76 – octobre 2008

(1)   Droit de prendre du bois ou de participer au produit de l’exploitation du bois dans les forêts appartenant aux communes : la part de ces bois revenant à chaque personne

(2)   Droit de faire paître le bétail