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Les inondations de Chailly en Bière

Ces dernières années, nous avons subi une pluviométrie importante engendrant une montée inhabituelle du niveau de la nappe phréatique. De nombreuses caves et sous-sols de maisons anciennes ont, depuis deux ans, été inondés à un niveau avoisinant bien souvent le mètre, entraînant des dégâts importants aux biens entreposés et pouvant mettre en cause la pérennité des édifices. Après constitution d’un dossier par la commune, le Ministère de l’Intérieur a pris l’arrêté du 3 décembre 2001 paru au J.O. le 19 décembre 2001, portant constatation de l’état de catastrophe dû à des inondations par remontée de nappe phréatique du 1er septembre 2000 au 30 juin 2001 à Chailly-en-Bière et ceci concerne non seulement la commune de Chailly mais également plusieurs communes situées au-dessus de la nappe de Brie. En fait, les inondations ont duré jusqu’à peu de temps.

Suivant les informations fournies par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), le secteur concerné est limité au nord par la Seine, à l’ouest par la rivière Ecole et son affluent le ru de Rebais. Il comporte deux nappes séparées par un niveau peu perméable de marnes vertes :

– La nappe superficielle du calcaire de Brie

– La nappe plus profonde du calcaire de Champigny

A titre indicatif, la coupe géologique des terrains dans la zone montre que le plafond de la nappe de la Brie se situe à quelques mètres en sous-sol et le plancher est à moins de 15 m. La nappe est affleurante dans certaines zones (mare aux Evées). Le plafond de la nappe de Champigny est à environ moins 32 m. C’est cette nappe qui alimente Chailly en eau potable, la crépine de la pompe se situant à moins 72 m dans la forêt.

A l’échelle régionale, ces nappes sont rattachées au système aquifère Beauce. Les études réalisées entre 1981 et 1984 sur les inondations de la Bière, considérées à cette époque comme exceptionnelles, montrent qu’à l’échelle locale la nappe du calcaire de Brie, également responsable des inondations observées en 2001, constitue une entité relativement indépendante. La nappe, proche du sol, reçoit les eaux d’infiltration dont la percolation est toutefois retardée sur le plateau par la couverture limoneuse peu perméable qui retient de nombreuses mares. Au nord, la nappe n’est pas en relation avec la Seine (présence de marnes vertes), tandis qu’à l’ouest la nappe n’est en relation avec le ru de Rebais que par la présence de colluvions. Le secteur de la mare aux Evées constitue une crête piézométrique (point le plus haut) délimitant un écoulement vers le nord-est (la Seine) et un écoulement vers le sud-ouest (ru de Rebais). L’écoulement vers le sud (seule relation avec le système Beauce) est vraisemblablement moins important le gradient hydraulique (pente) étant inférieur à un pour mille. Enfin, la différence de charge hydraulique entre les deux nappes au niveau de la crête piézométrique est de 35 m, ce qui indique une relative indépendance des deux nappes. Tout ceci montre que des pluviométries importantes plusieurs années de suite créent des phénomènes cumulatifs, les excédents ne rencontrant pas les conditions géologiques nécessaires à leur évacuation.

Devant ces phénomènes, les communes appartenant à ce système hydraulique se sont organisées, au début des années 1980, en syndicats intercommunaux afin de réaliser un certain nombre de travaux visant, en particulier, à l’amélioration de l’écoulement des eaux de surface par des reprofllages de rus existants et par la création d’affluents pour évacuer les eaux pluviales du réseau routier et les eaux usées des stations d’épuration. Ces syndicats en assurent un entretien régulier financé par les communes et le Conseil Général. Ceci a conduit à des inondations moindres que celles des années 80 pour une pluviométrie supérieure.

Graphique

Graphique

Les courbes ci-dessus montrent l’évolution de la pluviométrie depuis 1948, année à partir de laquelle des relevés ont été faits pour la région de Melun. La courbe bleue représente le total pluviométrique annuel. La courbe jaune représente le niveau de pluviométrie à partir duquel existe un risque d’inondation si la pluviométrie annuelle dépasse ce niveau plusieurs années. La courbe rouge représente la moyenne glissée sur 5 ans matérialisant les phénomènes cumulatifs ; des inondations se sont produites pendant les périodes dépassant la ligne jaune. Enfin la ligne noire est une courbe de tendance linéaire montrant l’évolution depuis 1948 de la pluviométrie. Elle est en progression de 175 mm sur 53 ans.

Claude Cottereau

B.M. n° 58 – Octobre 2002

DSC_0053Inondations et rue des Bécassières

En juin 2016, un nouvel arrêté de catastrophe naturelle a été pris par la Préfecture de Seine-et-Marne. Lors de de cet épisode, le hameau de Faÿ a été fortement touché.

Le ru de la Mare-aux-Évées protège Faÿ depuis 1984 mais c’est un petit bassin versant secondaire d’à peine 200 ha (le bassin versant du ru de la Mare-aux-Évées avoisine les 7500 ha) qui a été la cause des inondations du 30 mai au 4 juin 2016.

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Dispositions prises par la Municipalité :

  1. installation d’une pompe en forêt de 365 m³/h
  2. Installation d’une pompe de 60 m³/h dans le hameau
  3. Fourniture de groupes électrogènes
  4. Contact pris systématiquement avec tous les habitants sinistrés

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Le réseau RENECOFOR (surveillance européenne des forêts) a mesuré 145 mm de précipitations entre le mercredi 25 mai et le mercredi 1er juin 2016 (source O.N..F. Fontainebleau), mesure corroborée par les maraîchers de la plaine de Bière. La moyenne annuelle des précipitations en Seine-et-Marne est de 650 mm, aussi les 150 mm de précipitations tombés ces 6 jours sont équivalents à une pluviométrie de 80 jours. Ces chiffres sont à prendre avec précaution et doivent être analysés avec le niveau moyen des précipitations d’une période printanière, toutefois cette situation est exceptionnelle.

À noter que le bassin versant du ru de la Mare-aux-Évées repose sur une surface d’environ 7500 ha dont environ 50% en Forêt de Fontainebleau. Les masses d’eau à considérer sont de l’ordre de 11 millions de m3 tombés en 6 jours sur l’ensemble du bassin versant soit 5,5 millions de m3 d’eau sur la partie amont du bassin du ru de la Mare-aux-Évées. Heureusement la forêt en cette saison constitue un puissant régulateur des eaux de ruissellement de par ses humus très spongieux, ses sols très poreux, ses zones humides jouant un rôle de bassin naturel de rétention et enfin un accélérateur très efficace d’évapo-transpiration joué par les végétaux : arbres, arbustes et herbacées. Ce rôle de régulateur aura considérablement atténué les quantités d’eau rejoignant la Seine, sans quoi les dégâts occasionnés dans les villages situés en contrebas auraient été beaucoup plus importants.

À noter toutefois que le hameau de Faÿ situé en sortie de forêt est resté protégé depuis 1981 grâce au ru de la Mare-aux-Évées. C’est le ru des Bécassières, affluent du ru de la Mare-aux-Évées qui a repris son lit fossile, traversant ainsi le hameau. À noter également que sur Villiers-en-Bière, l’ancien lit du ru de la Mare-aux-Évées a été également réinvesti.

B.M. la Gazette de Chailly-Faÿ n° 99 – Août 2016

Mur de la citerne – sente Salvaterra

La poussée des eaux aura eu raison du mur nord du bassin d’orage de la sente Salvaterra. Ce mur de pierre, pourtant loin d’être étanche, n’a pas pu résister à la pression de l’eau provenant du sol voisin lors des précipitations de début juin.

citerne-sente-salvaterra

Compte tenu du montant très élevé de la reconstruction du mur (premier devis de 150000€), un marché sera établi afin de faire jouer la concurrence. Sur la commune, il existe trois bassins d’orage, appelés citernes, un à Faÿ, un autre près de la station d’épuration des Prés et enfin celui de la sente Salvaterra. Ces bassins sont nécessaires à l’absorption rapide des eaux de ruissellement. Ils sont équipés de pompes permettant d’injecter ces masses d’eaux dans le réseau des eaux pluviales, bien qu’une partie pénètre dans la nappe phréatique de Brie. À noter qu’il existe deux réseaux distincts sur notre commune, l’un réservé aux eaux usées, traitées dans nos deux stations d’épuration, l’autre réservé aux eaux de pluie qui partent dans des puisards enterrés, les bassins d’orage et les lagunes. Ces eaux percolent ensuite dans la nappe phréatique. À noter également que pour les particuliers, et toutes les constructions récentes, un puisard pour les eaux de pluies est obligatoire. Sa dimension est calculée en fonction des surfaces rendues étanches ; toitures, chemins, terrasses…

B.M. la Gazette de Chailly-Faÿ n° 99 – Août 2016