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Les maraîchers du Pays de Bière

LES MARAICHERS DU PAYS DE BIERE

Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ?

Aux alentours de 1750, Paris est un gros bourg au milieu de la Campagne. Une population en constante croissance attire des « jardiniers » venant de la Province, désireux de s’installer au plus près de la clientèle. De nombreux monastères, couvents et établissements religieux ainsi qu’une noblesse terrienne possèdent la terre, et les nouveaux arrivants leur louent des parcelles à l’intérieur des remparts.

L’urbanisation de Paris commence et la ville va subir des mues successives qui obligeront les jardiniers maraîchers à se déplacer vers la périphérie au-delà des remparts qui se sont érigés au fil du temps. Pas moins de sept remparts ou fortifications s’élèveront successivement les dernières en date « les Fortifs » furent ordonnées par Thiers.

Le 17 mars 1790, fut une date importante car l’Assemblée Nationale décrète que les biens confisqués à l’église devenue « biens nationaux » seront aliénés à la Municipalité de Paris qui en assure la revente aux particuliers. Beaucoup de « jardiniers maraîchers » deviennent propriétaires de leurs parcelles, c’était pour ceux-ci le début d’un bien-être inconnu des générations précédentes et la création de véritables dynasties que l’on retrouve de nos jours en Pays de Bière.

LES SALADES

LES SALADES

Jusqu’à la dernière guerre mondiale, les modes de cultures ne changent guère et c’est l’époque où le cheval est roi, assurant à la fois la traction des charrettes et la fumure des parcelles. Le Maraîcher aidé de sa femme qui s’occupe de la vente, cultivent salades, épinard, cerfeuil, civette, estragon, pimprenelle, bette, choux, mâche, céleri, poireau, à quelques exceptions près les mêmes légumes et plantes condimentaires que de nos jours.

Les Maraîchers d’alors pratiquaient une culture polyvalente et intensive allant jusqu’à 9 saisons (rotations) par année. L’utilisation des cloches de verre, créatrices de véritables micro-climats permit à ces maîtres jardiniers de réaliser des prodiges.

Le Baron Georges Haussmann, Préfet de Paris (1853-1870), est chargé de diriger les grands travaux qui embelliront Paris. Du même coup, les maraîchers s’installent alors dans les villages de Bobigny, Montesson, Charenton, Vincennes, Pantin…

La construction de grands immeubles, des cités et villes-dortoirs, provoquera une nouvelle série d’expropriations marquant l’arrivée des maraîchers en pays de Bière. Ils passeront alors de culture intensive à la culture extensive.

Sur les milliers de petits maraîchers installés en petite banlieue qui livraient leurs produits aux halles, il ne reste guère plus d’une centaine d’entre eux. Les autres s’installèrent commerçants, petits artisans ou prirent le chemin de l’usine. A Chailly, on compte 8 maraîchers originaires de la Seine et de la Seine-et-Oise arrivés dans le village au début des années 70. Une terre propice et disponible, l’eau à fleur de terre, la proximité de Rungis, furent autant de facteurs déterminants. Ils exploitent environ 850 hectares sur lesquels ils pratiquent l’assolement (alternance légumes/blé). En dépit d’une mécanisation en constante évolution, les maraîchers emploient 150 personnes dont une cinquantaine de nationalité française. Chaque année, on plante à Chailly de 70 à 80 millions de salades. Les aléas des marchés et les caprices du temps n’assurent pas la vente de la totalité plantée.

Les maraîchers pratiquent la culture « raisonnée » qui consiste essentiellement à apporter aux plantes les éléments nécessaires à leur épanouissement, tout excès étant préjudiciables à leur croissance .

A l’exportation, le marché anglais est le plus important, composé principalement d’épinards, de plantes condimentaires et de salades rouges dont 60 % traversent la Manche.

L.F.B.

B.M. . n° 55 – Novembre 2001