Retour à Souvenirs d’antan

Le pétrole chaillotin

UN RAJEUNISSEMENT DE 150 MILLIONS D’ANNEES « LE PETROLE CHAILLOTIN »

L’histoire commence en 1958, les spécialistes géologues établissaient le passé de notre région au commencement de l’époque tertiaire lorsque la mer stampienne, il y a quelques trente millions d’années, déposa d’épaisses couches de sable et quand, lors du retrait des eaux, se formèrent les bancs de grès de la forêt.

Au mois d’octobre de cette même année, l’histoire de la région chaillotine gagne 150 millions d’années. La compagnie d’exploitation pétrolière en procédant au forage n° 1du Bornage forestier de Faÿ-Chailly, venait de trouver à 1 585 mètres de profondeur une couche pétrolifère dans les calcaires bathoniens qui recouvrent le Jurassique moyen. Ainsi, après le retrait d’une autre mer beaucoup plus étendue, l’or noir filtrant à travers les interstices de cette roche poreuse avait-il formé le gisement qui ne tarda pas à transformer la région chaillotine en un nouveau Texas.

Les travaux et les résultats demeurèrent secrets. Le Maire de Chailly de l’époque était confiant dans l’avenir de ces découvertes pétrolifères.

La méthode d’extraction s’effectuait par capillarisation forcée : on injectait de l’eau dans les couches calcaires par différence de densité le pétrole montait à la surface dans les puits forés où il était pompé.

C’est une douzaine de puits que l’on put compter sur le territoire communal sur 75 dans le bassin de Fontainebleau avec, comme reconnaissance, « les arbres de Noël » ou les pompes à balancier. Ils restent ancrés dans la mémoire des chaillotins.

Les premières années on retira du sol cent mille tonnes par an. Le produit étant d’une qualité supérieure, un bon cru nous diraient les vignerons. D’une fluidité exceptionnelle, il nécessitait un raffinage moins coûteux pour le produit fini.

En 1965, ce chiffre descendit à soixante mille tonnes. Les années suivantes virent cette production diminuer, pour devenir si faible qu’il n’était plus rentable pour la Société ELF d’exploiter le site. Les crises pétrolières successives relançaient malgré tout, à chaque fois, l’intérêt de cette exploitation. ELF avait gardé en propriété le centre de groupage production situé à Faÿ. Aujourd’hui, après une nouvelle organisation de la recherche pétrolière en Ile-de-France, ce site en devient le pool ou le centre de coordination de la recherche régionale.

Des chaillotins travaillèrent « au pétrole de Chailly » comme le dit M. Bochet l’homme de confiance de l’entreprise. Il surveillait les pompes injonction et extraction. Combien de fois est-il parti en pleine nuit pour réparer, il ne les compte pas, il est aujourd’hui en retraite. Il aura bien œuvré pour que coule l’OR NOIR CHAILLOTIN.

Je remercie M . Brunneval – responsable local – qui m’a aimablement accueilli dans ses locaux et m’a gracieusement donné ces renseignements qui apporteront une pierre supplémentaire à la construction de notre histoire chaillotine.

J.P. Lefloch.
B.M. n° 35 –Noël 1993

L’OR NOIR A CHAILLY

Dans un article de notre bulletin n° 35 datant de Noël 1993, M. Jean-Paul LEFLOCH relatait l’histoire du « pétrole chaillotin ».

Il nous a semblé intéressant de revenir aux débuts de cette époque et de la faire découvrir à ceux qui ne l’ont pas connue par quelques vues et commentaires supplémentaires.

En 1960, 37 forages étaient réalisés. 31 puits étaient productifs et permettaient de pomper 365 m3 de pétrole brut par jour. Il était acheminé par un réseau de 18 km de « pipe » depuis chaque forage jusqu’au centre de collecte « Chailly 1 » situé à Faÿ en bordure de forêt domaniale le long de la RD 115, dépôt actuel de l’entreprise « Val de Soude » (Didier GUILLOUART).

Stockés dans des réservoirs dont la capacité s’élevait à 1 000 m3,. les hydrocarbures étaient ensuite acheminés à La Rochette par un autre « pipe » de 7 km de long.

Des péniches les transportaient ensuite aux raffineries, jusqu’en Seine-Maritime (à l’époque appelée Basse-Seine).

R.D.
B.M. n° 65 – janvier 2005