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La rue de la fosse aux loups

rue de la fosse aux loups

rue de la fosse aux loups

Cela commence comme une histoire d’enfant : il était une fois le grand méchant loup !…

Dans l’Antiquité, seuls les romains rendirent hommage aux loups. En effet, les fondateurs de Rome, Rémus et Romulus, furent sauvés par une louve qui les allaita.

Ensuite, ces bêtes monstrueuses terrorisèrent petits et grands. Buffon les décrivit plus tard comme nuisibles de leur vivant et inutiles après la mort.

Selon la tradition chrétienne, ils étaient des fléaux envoyés par Dieu, et dès le Vème siècle on invoquait Saint Loup, Evêque de Bayeux, pour tuer le mauvais loup. En 813 Charlemagne, un an avant sa mort, désigna dans son comté deux officiers chargés de la destruction des loups : les Laparüs. En 1114, le synode de Saint Jacques de Compostelle édicte un canon qui organise la chasse aux loups dans tous les pays de la chrétienneté occidentale et c’est ainsi que les chaillotins se motivent pour combattre cette bête féroce.

En 1479, sous Louis XI, François de la Boissière, seigneur de Faÿ, fut grand louvetier. Il avait la charge de la chasse aux loups dans toute la royauté.

Sous Louis XVI, habitait dans la rue de la Fosse aux loups. François Goix. On retrouve sa trace dans un document coté B502 des archives départementales où il fait donation à ses enfants de sa maison dans la rue du village. Elle fut détruite par un incendie à la Révolution car M. Goix était en quelque sorte au service du Roi. Manouvrier de son état, il élevait la meute de chiens et avait pour mission d’entretenir la « fosse aux loups ».

Prolongée par la rue de Samois, la rue de la Fosse aux Loups menait déjà, à travers les terres cultivées, jusqu’à la limite de la forêt de Fontainebleau. Epineux, houx, ronces et fragons infranchissables par les bêtes sauvages la clôturaient. Le seul passage entretenu par les hommes était la « brèche aux loups », encore existante, c’est maintenant une propriété privée. Derrière cette brèche, une fosse rectangulaire couverte de branchages, au fond conique pour éviter la fuite de la proie, servait de piège à la bête forcée par les chiens.

Affamés, les loups sortaient sournoisement de la forêt aux abords du village. Dès leur vue, tous les habitants lançaient le cri d’appel « au loup, aux loup ». La chasse s’organisait. On sortait les chiens qui partaient en battue commandée par les hommes prévus à cet effet, et le loup, forcé jusqu’à la brèche, tombait dans la fosse.

L’histoire se termine bien… les loups ne font plus peur aux petits enfants. Ils ont adopté Mowgli dans le « Livre de la jungle » (Rudyard Kippling) et sont devenus vedettes de cinéma avec « Danse avec les loups ». Apprivoisés et croisés avec des chiens, ils sont maintenant les gardiens fidèles de nos maisons. La rue de la Fosse aux Loups n’est plus pour eux qu’une petite promenade tranquille.

J.P.L.
B.M. n° 48 – Octobre 1996